Chasse aux migrants : Macron et Sunak main dans la main

Le gouvernement conservateur de Rishi Sunak a décidé de franchir une nouvelle étape dans la guerre déjà féroce qu’il mène contre les migrants désireux de s’installer sur son sol. Foulant aux pieds la convention de Genève qui stipule qu’une mesure d’expulsion doit être individualisée et ne saurait en aucun cas s’appliquer à un groupe, il vient de faire passer une loi aux termes de laquelle quiconque serait entré sir le territoire britannique « dans des petits bateaux » (sic : comprendre, des barques ou des embarcations de fortune) s’en verrait expulsé et interdit à vie d’y revenir.  Et comme la frontière est à Calais, une pression nouvelle a été mise sur le gouvernement français. L’image largement diffusée outre-Manche de Sunak et Macron partageant le même parapluie n’en serait que plus savoureuse, si ce n’était pas d’êtres humains qu’il est question.

Manifestation devant le Parlement, ce lundi 13 mars, exigeant que les conservateurs cessent leurs attaques contre les réfugiés fuyant la guerre.

Pour ceux qui auraient réussi à passer au travers des mailles du filet côté français, il est prévu côté britannique une période d’internement en centre de rétention, au terme de laquelle les migrants seraient soit renvoyés dans leur pays d’origine, soit expulsé vers le Rwanda, qui a accepté de signer avec la Grande-Bretagne une convention en ce sens.

De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer cette atteinte sans précédent aux droits humains, notamment en France celle de la défenseur des droits Claire Hédron. En Grande-Bretagne, le talentueux polémiste Jonathan Pie relève la similitude entre la rhétorique du pouvoir, qui parle d’ « invasion » et en appelle au « patriotisme » avec celle qui avait cours dans l’Europe des années 1930.

Il est d’autant plus regrettable que quelques belles âmes s’en soient prises personnellement au Premier Ministre et à la ministre de l’intérieur Suella Braverman, leur reprochant non pas tant leur politique que de trahir leurs origines indiennes. Les deux intéressés n’ont pas manqué de faire observer que le racisme en la matière était plutôt le fait de leurs accusateurs…

Jean-Michel Galano

Photographie Simon Walker via Flick