bridge over river in city

Liz Truss, une dérive antidémocratique

Face au mouvement de grèves qui s’intensifie au Royaume-uni, le Parti Conservateur assume la guerre sociale et vient de choisir sa nouvelle dirigeante. Dans la droite lignée de Margaret Thatcher.

L’arrivée au pouvoir de Liz Truss est une très mauvaise nouvelle, et d’abord pour les Britanniques eux-mêmes. Il faut bien mesurer ce qu’a d’antidémocratique un choix aussi lourd de conséquences effectué par un aussi petit nombre : 160.000 adhérents du Parti Conservateur ont décidé pour 68 millions  de personnes, et cela en fonction non pas d’un choix politique, mais des enjeux et règlements de compte internes à ce parti depuis longtemps dépourvu de boussole, de doctrine et de morale.

Liz Truss a gagné sans péril face à un candidat tout aussi droitier qu’elle mais suspecté de fraude fiscale. La seule idée qu’on lui connaisse, c’est l’éloge de l’individu, entendez de la débrouille individuelle, baptisée « liberté » et opposée à ces valeurs ringardes que seraient la solidarité, l’égalité et le souci du bien commun. Elle a gagné en utilisant les vieilles ficelles de la droite conservatrice : surenchère belliciste dans la crise ukrainienne, discours dur contre les migrants, éloge du Brexit, démagogie anti-française, et surtout promesses d’intransigeance à l’égard des syndicats et des mouvements sociaux qui se sont amplifiés ces dernières semaines. Comme Teresa May avant elle, elle s’efforce, non sans une certaine puérilité, de ressusciter l’image de la « dame de fer » incarnée jadis par Margaret Thatcher.

Une politique d’image sans aucune imagination.

Et son premier discours  montre de façon presque caricaturale son absence de projet : « We will deliver », a-t-elle scandé, c’est à fire plus ou moins « nous allons le faire ». Elle a promis que le gouvernement allait  « travailler dur » sir la question de l’énergie : pouvait-elle faire autrement, quand plus de 120.000 personnes ont déjà signé une pétition appelant au refus de payer les factures ? Une chose est de se faire élire sur une ligne dure, une autre est de se confronter à la réalité d’un peuple en colère.

Jean-Michel Galano