Il y a 20 ans, le 8 septembre 2002, disparaissait Henri Rol-Tanguy, combattant dans les brigades internationales pendant la guerre d’Espagne, il est le grand le grand organisateur de l’insurrection de Paris. Portrait.
Henri Tanguy, né à Morlaix en 1908, commence à travailler comme ouvrier métallurgiste à l’âge de quatorze ans. Il adhère aux Jeunesses communistes à dix-sept ans, alors qu’il a rejoint l’usine Renault de Billancourt. Mais il y devient vite persona non grata après avoir participé à la grève générale de 1926 en tant qu’adhérent de la CGTU. Passionné par le cyclisme qu’il pratique activement, le jeune Henri voit sa vie interrompue par le service militaire. N’ayant pas pointé dans sa mairie d’arrondissement, il est envoyé en bataillon disciplinaire en Algérie, dans le 8e régiment de Zouaves, pour quinze mois sans permission. Il y apprend le maniement du fusil et se révèle un soldat exceptionnel.
Redevenu ouvrier, Henri Tanguy renoue avec l’activité militante et revendicative au sein du Parti communiste et de la CGTU. Il multiplie les grèves qui lui valent autant de licenciements, y compris durant l’effervescence du Front populaire en juin 1936. Lorsque la guerre civile espagnole éclate, il prend une part active aux Brigades internationales, comme soldat volontaire et commissaire politique. Après leur dissolution, il épouse en avril 1939 sa marraine d’Espagne, Cécile Le Bihan.
Et c’est la guerre. Henri Tanguy est d’abord mobilisé pour défendre la ligne Maginot. Le 18 juin 1940, il rentre à Paris et rejoint la Résistance au côté de sa femme et de ses camarades communistes, notamment Jean-Pierre Timbaud. Le PCF lui confie la responsabilité du secteur Sud de Paris et de sa banlieue. C’est en 1944 qu’il choisit le pseudonyme de Rol, du nom du commandant français du bataillon « Commune-de-Paris » des Brigades internationales tué lors de la bataille de l’Ebre — où il fut lui-même blessé.
Le Colonel Rol-Tanguy, chef régional des Forces françaises de l’intérieur, à la tête de trente mille hommes et femmes en armes, donne l’ordre de l’insurrection parisienne le 19 août 1944. C’est lui qui reçoit, avec le général Leclerc, la reddition du général von Choltitz. Il participe ensuite à la campagne Rhin-Danube en tant que lieutenant-colonel dans le 151e régiment d’infanterie issu de la Brigade de Paris dirigée par le colonel Fabien.
Henri Rol-Tanguy est élevé à la dignité de Compagnon de la Libération par le général de Gaulle. Il devient membre du comité central du PCF de 1964 à 1987 et reste adhérent du PCF et abonné à L’Humanité jusqu’à sa mort, en septembre 2002 à Ivry-sur-Seine. Tout comme sa femme Cécile, décédée en 2020, qui l’aura épaulé dans tous ses engagements.
Aujourd’hui, on peut visiter son poste de commandement situé dans un bunker souterrain place Denfert-Rochereau, sous le Lion de Belfort, dans le 14e arrondissement de Paris. Le musée de la Libération qui y donne accès, inauguré en 2019, invisibilise toutefois à peu près totalement Rol-Tanguy, au profit de figures de la droite comme le général Leclerc de Hautecloque ou Jean Moulin… Le premier n’a pourtant joué qu’un rôle mineur dans l’insurrection de Paris, et le second était mort depuis un an. Triste réécriture de l’histoire !
Victor Laby