Moi aussi, je peux être populiste, si je veux. Par exemple il serait intéressant de connaître la rémunération des journalistes éditocrates des chaînes infos quand ils blablatent, daubent et s’indignent des “salaires mirobolants” des opérateurs dans les raffineries en grève et ce qu’ils ont à dire sur leurs propres abattements fiscaux de 7650 € forfaitaire accordés jusqu’à 100 000 € de revenus annuels.
Je trouve franchement obscène les leçons de morale données à des gens qui gagnent de toute manière dix ou douze fois de moins qu’eux. Et je ne parle pas de leur éternelle obséquiosité envers les puissants et leur éternel mépris de classe à chaque conflit social un peu dur.
Je les ai toujours connus comme ça.
Toujours.
Serge Halimi, il y déjà presque trente ans, lors des grèves de novembre-décembre 1995, les avait appelés « les chiens de garde ». Et aujourd’hui encore, c’est le même aboiement faisandé sur les « avantages », sur la « prise d’otage » des braves gens, encore la même dialectique naine sur les bons syndicats réformistes et la vilaine CGT, etc… Il suffit juste de changer le nom de la profession en lutte, infirmières, cheminots, profs (on n’en trouve plus d’ailleurs et ils n’y sont pas pour rien, ces têtes de mort).
La différence d’avec il y a trente ans, c’est qu’ils se sont multipliés en même temps que se sont multipliées les chaînes d’infos avec les cinquante nuances de la domination qui font croire à une pluralité, du néopoujadisme hardcore de CNews à la fausse neutralité « service public » de France Infos alors que tout ça, tout le temps, inlassablement, est aux ordres de quelques oligarques ou du pouvoir en place,sauf s’il est de gauche, ce qui n’arrive presque jamais. Comme le disait Chamfort, « il n’y a pas plus valet que ces gens-là ». Et ils chouinent auprès du public quand par hasard un politique ou un syndicaliste leur parle un peu rudement. Ils hurlent à la mort pour atteinte à une liberté de la presse qu’ils prostituent chaque jour, alors que l’unique chose qu’ils risquent, c’est des escarres au derche à force de rester assis. Et surement pas les coups de matraques sur un piquet de grévistes réquisitionnés.
Ils ne ne fatigueront jamais, ça tombe bien, en face non plus.
Jérôme Leroy

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