Avec Pacifiction, Albert Serra magnifie Benoît Magimel

Pour son huitième long-métrage, Albert Serra redonne vie à l’ambiance suave et lascive qui avait fait la force de son dernier film Liberté. Dans le décor naturel de Tahiti en Polynésie française, Benoît Magimel incarne De Roller, un étrange fonctionnaire omnipotent persuadé d’être dupe d’une mission militaire sur son île organisée par l’État français.

De Roller est tout à la fois magnifique et puant, tout-puissant et vulnérable, à la manière du personnage Kaspar Almayer de Conrad. 

Le tour de force réalisé ici par Serra est d’embarquer le spectateur dans la psychose du personnage tout en donnant au film des allures de documentaire politique (on pense ici au Président, documentaire sur Georges Frêche réalisé par Yves Jeuland). 

Le tout se révèle excellent grâce, notamment au jeu d’acteur de Benoît Magimel qui tient ici le plus beau rôle de sa carrière. La force naturaliste du jeu de l’ensemble des personnages — faut-il parler d’acteurs ? — donne au film quelque chose de révolutionnaire.