Les parents de Paul Langevin assistent au massacre des communards par Adolphe Thiers pendant la semaine sanglante. Cet épisode marque l’histoire familiale. Sa famille lui inculque un amour profond de la justice sociale. À 16 ans, Paul est reçu à l’École supérieure de physique et de chimie industrielles de Paris. Élève particulièrement brillant, il devient l’étudiant du Nobel de physique Pierre Curie. À la fin de ses études, il remplace Curie qui décède en 1906 à son poste de professeur de l’École supérieure, et devient par la suite directeur de cette même école.

Les découvertes de Langevin sont immenses pour l’histoire de l’humanité et il est impossible d’en faire un résumé exhaustif ici. Tout au plus peut-on citer quelques-uns de ses faits d’armes scientifiques : en 1908, il est à l’origine d’une équation stochastique auquel il donne son nom, il invente le sonar pendant la Première Guerre mondiale et il est à l’origine avec son ami Albert Einstein, de la théorie de la relativité.
À l’arrivée au pouvoir de Pétain, Paul Langevin, qui avait combattu la montée du fascisme pendant tout le courant des années 1930, est arrêté par la Gestapo et enfermé à la prison de la Santé. Après-guerre, il bénéficie d’un prestige immense et est nommé président de la Ligue des droits de l’homme (LDH). Parallèlement, il adhère au Parti communiste. Il déclare à L’Humanité avoir voulu rejoindre les rangs du PCF pour “y prendre la place de son gendre le physicien Jacques Solomon tombé avec Georges Politzer sous les balles du peloton d’exécution hitlérien.”
Paul Langevin est plus qu’un compagnon de route du parti. À l’occasion d’une conférence qu’il donne pour son 75 e anniversaire, il déclare à propos du communisme : « Ces idées prolongent dans la grande ligne du progrès humain, en l’adaptant aux conditions nouvelles, le mouvement de pensée de notre XVIII e siècle. Je le sais gré de m’avoir aidé à mieux comprendre l’évolution de ma propre science et de m’avoir confirmé dans ma confiance dans l’avenir de l’effort humain. »
Avec un autre communiste, le psychologue Henri Wallon, il est à l’origine du plan éducatif le plus ambitieux de l’histoire du pays.
Ce plan a pour objectif de rattraper le retard avec les autres puissances d’après-guerre. Il prévoit une éducation gratuite, laïque et civique pour tous, permettant à chaque élève de développer ses compétences en limitant le nombre d’élèves par classe et en donnant des horaires adaptés à tous. Le plan Langevin-Wallon sert encore aujourd’hui de référence dans le monde entier.
Il est, à sa mort en 1947, l’un des scientifiques les plus importants au monde, c’est donc naturellement que le gouvernement décrète un deuil national et transfère le corps du savant au Panthéon.
Victor Laby