José Cabrero Arnal, le républicain espagnol père de Pif

Tout le monde connaît les dessins si caractéristiques de José Cabrero Arnal, peu connaissent son histoire.

José Arnal est né à Castilsabás, dans le nord de l’Espagne, dans une famille de républicains. Très jeune, il se prend de passion pour le dessin et publie dans sa jeunesse des bandes dessinées dans des revues. Pendant la guerre civile qui déchire son pays, il prend les armes aux côtés des Brigades internationales pour défendre la République contre les fascistes. Arnal fait partie des milliers d’Espagnols qui traversent les Pyrénées pour trouver refuge en France à l’arrivée au pouvoir de Franco. Alors qu’ils espèrent de l’aide de la France, ils sont considérés comme des « étrangers indésirables » par le gouvernement de Daladier et sont presque tous internés dans des camps où les conditions de vie sont désastreuses. Arnal décide de continuer en France son combat contre le fascisme et s’engage en 1939 dans la Compagnie de Travailleurs Étrangers mobilisés sur la ligne Maginot face aux soldats de Hitler.

Après la débâcle de l’armée française, José et une partie de ses camarades sont déportés en janvier 1941 par les nazis dans le terrible camp de concentration de Mauthausen. Avec lui dans ce camp, on retrouve de nombreux républicains espagnols mais aussi des communistes français ; c’est le cas de Pierre Daix et Georges Séguy. Arnal survit par miracle à plus de quatre ans de détention dans le camp nazi.

À la Libération il ne pèse plus que 45 kilos. Cette expérience le marque physiquement et mentalement jusqu’à la fin de ses jours.

De retour en France après la libération des camps, José Arnal est recruté par les réseaux communistes et devient salarié du journal L’Humanité dans lequel il raconte les aventures d’un ours et d’un renard : Placid et Muzo. Ses dessins, à la fois drôles et humanistes, ont un grand succès chez les lecteurs. En mars 1948, il commence à dessiner pour les lecteurs les histoires d’un drôle de chien aux grandes oreilles : Pif est né !

Le personnage connaît un engouement populaire immédiat. Pif participe à faire de L’Humanité l’un des quotidiens les plus lus en France. Les aventures du chien et de son compagnon Hercule le chat accompagnent des générations de jeunes Français. À partir de 1952, José Arnal dessine en couleur les aventures de Pif dans le magazine pour enfants Vaillant, édité par le PCF. Arnal laisse le soin, au cours des années 1960, à des auteurs plus jeunes de raconter les aventures de son personnage.

De génération en génération, le succès de Pif continue de grandir et pousse le journal Vaillant à prendre, en 1969, le nom du chien préféré des enfants. Il est distribué avec un gadget qui devient la marque de fabrique du magazine.

José Arnal est mort en 1982 sans jamais avoir retraversé les Pyrénées. Ses personnages, eux, sont toujours bien vivants.

Victor Laby

Pour en savoir plus sur José Cabrero Arnal, découvrez la biographie que lui consacre l’écrivain Philippe Guillen.