Grande figure du mouvement anticolonaliste, la militante Raymonde Dien est décédée ce vendredi à l’âge de 93 ans. Retour sur la vie de cette combattante pour la paix.
Née dans une famille communiste, Raymonde Dien devient elle aussi une militante au moment de l’adolescence. Quand elle ne travaille pas pour faire rentrer un peu d’argent dans son foyer, la jeune Raymonde participe avec ses camarades aux actions des « Vaillantes et Vaillants » et des jeunes communistes.
La militante prend vite des responsabilités dans l’organisation communiste dans la région de Tours. Le 23 février 1950, la fédération d’Indre-et-Loire du PCF apprend qu’un train chargé d’armes à destination des troupes coloniales en Indochine doit passer par la ville de Saint-Pierre-des-Corps. En quelques heures, des centaines de militantes et de militants communistes se retrouvent devant la gare pour empêcher le passage de ce train de la mort.
N’écoutant que son courage, Raymonde s’allonge sur la voie ferrée pour empêcher le départ du train.
Elle est arrêtée par la police qui décide de faire d’elle un exemple et de la condamner fermement. Elle écope d’un an de prison ferme. À la même époque, un autre communiste, Henri Martin, qui vient d’avoir 23 ans, est lui aussi condamné à la prison pour avoir refusé d’être mobilisé en Indochine et de faire couler le sang d’un peuple réclamant son indépendance. Une énorme mobilisation se met en place pour soutenir les deux jeunes militants. Ils sont défendus par des artistes comme Picasso et Fernand Léger, par des associations pacifistes comme le Mouvement de la Paix et par des figures de la résistance comme Marie-Claude Vaillant-Couturier.
On écrit même des chansons sur leur combat pacifiste :
« Henri Martin, Raymonde Dien
N’veulent pas qu’on tue les Vietnamiens
Ils aiment tant la paix
Qu’aux juges ils sont suspects »
Hô Chi Minh lui écrit personnellement pour lui souhaiter son 21e anniversaire qu’elle passe en prison. Elle est libérée le 25 décembre 1950.

Belle, rebelle, charismatique, Raymonde devient le symbole d’une jeunesse refusant l’impérialisme. Son prestige est immense dans les pays socialistes. Elle est accueillie en héroïne à Berlin-Est en 1951. Même accueil en Union soviétique où une statue en son honneur est inaugurée dans le sud de la Russie. Elle se lie d’amitié pendant cette période avec la cosmonaute soviétique Valentina Terechkova qui devient la première femme à effectuer un vol dans l’espace.
Mais c’est évidemment au Viêt Nam que Raymonde est la plus populaire, une rue porte même son nom à Hô Chi Minh-Ville, la capitale du pays. En 2003, la militante a reçu l’une des plus hautes distinctions de la république vietnamienne, la médaille de l’Amitié du Viêt Nam. Raymonde Dien est aujourd’hui encore une communiste engagée. Elle a écrit ses palpitantes mémoires en 2014.
Victor Laby