Frédéric Joliot est né en 1900 d’un père ayant combattu dans les rangs de la Commune de Paris et subi l’exil en Belgique. De quoi entrer rapidement en contact avec les valeurs du mouvement ouvrier. En 1919, le jeune Frédéric entre à l’École de physique et de chimie industrielles de Paris où il est l’élève de Paul Langevin, physicien de génie et futur adhérent du Parti communiste. Cet enseignement le marque profondément. Grâce à son professeur, il entre en relation avec Marie Curie. En 1926, il épouse sa fille aînée, Irène. Frédéric Joliot-Curie et sa femme travaillent à partir de 1929 à l’Institut du Radium ; il devient docteur ès sciences. En 1935, ils se voient décerner conjointement le prix Nobel de chimie, « en reconnaissance de leur synthèse de nouveaux éléments radioactifs ». Frédéric est nommé professeur au Collège de France. Il joue un rôle essentiel dans la recherche fondamentale française sur l’énergie nucléaire civile et militaire.
Ce sont les émeutes conduites par l’extrême droite le 6 février 1934 qui amènent Frédéric Joliot à s’engager politiquement. Humaniste, il adhère alors au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA, créé notamment sous le patronage de son ami Paul Langevin) et au Parti socialiste. Mais dès 1936, il est en désaccord avec la position de la SFIO de Léon Blum opposé à une intervention pour soutenir les Républicains espagnols face aux franquistes.

Dès lors, il se rapproche du Parti communiste dont il devient, à l’instar de Paul Langevin, un « compagnon de route » : un sympathisant engagé mais non encarté. Ce compagnonnage ne l’empêche pas de signer une tribune d’intellectuels déclarant leur « stupéfaction » à l’annonce de la signature du pacte germano- soviétique du 23 août 1939.
Lors de l’invasion allemande, Frédéric Joliot-Curie reste en France mais fait évacuer vers l’Angleterre le résultat de ses recherches et les matériaux permettant la mise au point d’une bombe atomique. En 1944, il entre dans la clandestinité et participe à l’insurrection du 19 août 1944 dirigée par Henri Rol-Tanguy pour la Libération de Paris en fabriquant des explosifs. Son adhésion au Parti communiste français est officiellement rendue publique fin août 1944.
Durant l’après-guerre, il joue un rôle de tout premier plan dans le développement de l’énergie atomique, comme Haut-Commissaire à l’énergie atomique. Il en est révoqué par le gouvernement Bidault pour avoir déclaré, lors du XII e congrès du PCF à Gennevilliers, que « jamais les scientifiques progressistes, les scientifiques communistes ne donneront une parcelle de leur science pour faire la guerre contre l’Union soviétique ».
En effet, Frédéric Joliot-Curie milite ardemment pour la paix, notamment au sein du Mouvement de la Paix. Il est une cheville ouvrière de la diffusion planétaire de l’Appel de Stockholm du 19 mai 1950, exigeant l’interdiction des armes atomiques. Avec plus de dix millions de signatures en France, il s’agit encore à ce jour de la pétition la plus signée de l’histoire du pays. En 1956, Frédéric Joliot-Curie entre au comité central du PCF. Il déclare : « Jamais je ne me suis senti si libre ». Lors de son décès, deux ans plus tard, la France lui rend hommage par des obsèques nationales.
Victor Laby