À voir : Femme, Vie, Liberté – Une révolution iranienne

Arte s’apprête à diffuser Femme, Vie, Liberté – Une révolution iranienne, documentaire de Claire Billet et Mohamad Hosseini. L’œuvre est montée à partir de vidéos de manifestations glanées sur les réseaux sociaux, mais aussi d’images filmées clandestinement par une équipe de tournage iranienne au péril de la vie de ses membres. Aux témoignages d’opposants en exil, s’ajoutent ceux de jeunes Iraniens qui ont pris la rue ces derniers mois, dont ceux qui habitent encore l’Iran s’expriment masqués ou de dos. Ils racontent que le mouvement de révolte avait d’abord concerné la pauvreté et la corruption, qu’il avait commencé en 2019 et qu’il fut interrompu par le covid. Puis, en septembre 2022, à la mort de Mahsa Amini, tuée par la police des mœurs après son interpellation pour « port de vêtements inappropriés », beaucoup de jeunes femmes ont ressenti une proximité ou considéré qu’elles auraient pu subir le même sort. Nombre d’entre elles ont alors décidé de retirer leur voile, voire de le brûler en public, ce qui dans le contexte, précisent-elles, n’est « pas un geste contre la religion mais contre le gouvernement religieux ». De plus, des femmes issues de milieux traditionnels et portant le voile rejoignent aussi les cortèges.

Aux cris de « Femme-Vie-Liberté » s’ajoute le slogan « À bas le dictateur », visant l’ayatollah Khamenei. Rapidement, 400 manifestants sont tués par la police, 20 000 incarcérés, et sept jeunes hommes sont pendus pour leur participation aux révoltes, et leurs familles sont elles aussi menacées. Comme on le voit à l’écran, dans les lycées, en représailles à la destruction de portraits des ayatollahs, des soutiens du régime lancent des attaques chimiques. Dans les semaines qui suivent la mort de Mahsa Amini, le mouvement s’intensifie, et il est rejoint par des étudiants, des commerçants et des ouvriers, dans un pays dont la moitié des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté. La peur ne disparaît pas, mais elle est surmontée par la colère et l’envie de révolte, comme en témoignent les bassidjis (miliciens des Gardiens de la révolution), choqués que les manifestants ne reculent plus lorsqu’ils les attaquent. Les dissensions au sein du régime rendent optimistes certains des intervenants. Les dernières minutes du documentaire font cependant état d’un essoufflement, ou d’une adaptation de la contestation à une temporalité plus longue, en attente d’une nouvelle intensification.

Ce samedi 16 septembre, date anniversaire de la mort de Mahsa Amini, les organisations kurdes d’Iran appelaient à la grève générale. Aussi, dans Téhéran et toutes les grandes villes du pays, les rues étaient bouclées par les bassidjis pour empêcher tout rassemblement. Plusieurs personnes ont été arrêtées.

Femme, Vie, Liberté – Une révolution iranienne sera diffusé sur Arte ce mardi 19 septembre à 22 heures 40 et visible sur ce lien jusqu’au 24 décembre.

Jean Baudry