En limogeant la très droitière ministre de l’intérieur Suella Braverman, le Premier Ministre Ritchie Sunak a sanctionné trois fautes impardonnables dans le système politique britannique. D’abord, et c’est la pire de toutes, elle a osé critiquer la police, qu’elle a accusée de complaisance à l’égard des manifestants pro palestiniens et de rigueur excessive face à l’extrême-droite. Ce faisant, elle est sortie de son rôle. Mais en même temps, et c’est sa deuxième faute, elle risquait de monter définitivement contre le gouvernement conservateur, à quelques mois des élections, une communauté musulmane très importante numériquement et déjà mécontente du soutien accordé à l’Etat d’Israël par le pouvoir en place.
Mais il y a davantage encore : le dernier congrès du Parti Conservateur a été le théâtre d’une offensive « trumpiste » particulièrement violente et décomplexée menée par les néo-conservateurs, dont Suelle Braverman était devenue la figure de proue. La chaîne conservatrice états-unienne Fox News avait ostensiblement pris ses quartiers sur les lieux mêmes du congrès, se faisant complaisamment l’écho de la surenchère xénophobe et sécuritaire qui avait traversé les débats et déconcerté une grande partie de l’auditoire.
Ritchie Sunak a bien perçu le danger de se mettre définitivement en porte à faux par rapport à une opinion publique d’abord préoccupée par les questions de l’emploi et du pouvoir d’achat et qui, quelle que soit son amitié pour les Etats-Unis, est extrêmement méfiante à l’égard de tout ce qui pourrait s’apparenter si peu que ce soit à une intrusion extérieure. La troisième faute de Suella Braverman aura été de méconnaître cette donnée politique fondamentale.
Jean-Michel Galano