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BILLET — Italie : la source et le rempart

Les élections italiennes marquent une nouvelle avancée de l’extrême-droite en Europe occidentale, et les dirigeants libéraux ne manquent pas de déverser sur les ondes, avec force sanglots, leur réprobation et leur désolation, et ce faisant de se présenter en unique rempart contre ce qu’ils ont imposé d’appeler le « populisme ».

Mais le dégoût des peuples devant une démocratie confisquée et le rejet d’une politique néolibérale contre laquelle les gauches ne parviennent pas à rassembler trouvent directement leur source dans les mesures économiques et sociales de ceux qui dirigent actuellement l’Europe et la France.

Détricoter les droits sociaux, détruire les services publics, fouler aux pieds les décisions prises par les peuples (qu’il s’agisse par exemple du référendum sur le traité constitutionnel européen de 2005 ou des choix démocratiques de la Grèce), renier chaque jour la promesse d’alignement par le haut des législations sociales par quoi fut jadis vendu le projet européen, créer chaque fois plus de misère et de mépris, voilà les principales sources des votes néo-poujadistes et néo-fascistes (en matière de préfixe, il faut en effet imposer « néo » au lieu de l’étrange euphémisation d’un « post » préféré par les ondes…).

Nous l’avons parfaitement vu en France : cinq ans de Macronie ont produit la vague du Rassemblement National aux élections présidentielles et législatives. Dans le même temps, l’existence d’une forte menace fasciste sert d’alibi pour sauver des pouvoirs minoritaires et leur assurer, au nom du « barrage », la légère avance leur permettant de se maintenir. Par ses inégalités de plus en plus criantes comme par son constant mépris des peuples, le libéralisme est la source exclusive de ce qu’il prétend affronter. Même les divergences éthiques (surjouées, quand de prétendus démocrates ne dédaignent pas d’abuser de la force publique, et ne reconnaissent de puissance étatique que pour sauver l’entreprise privée ou pour garantir la répression des mouvements sociaux) n’empêchent pas une complicité de fait. Le racisme lui-même ne se traite pas par des rodomontades moralisatrices, quand il se répand partout, comme aux Etats-Unis, à proportion de l’humiliation et de la relégation des « petits blancs ».

Encore un pas de plus dans l’appauvrissement des peuples ou la ruine des conquis sociaux, et le fascisme triomphera aussi dans les derniers pays d’Europe qui y ont encore échappé. La réforme des retraites, si rien ne vient l’empêcher, pourrait bien être en France ce dernier déclencheur.

Olivier Barbarant

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